Politique des drogues et réduction des risques

275 millions de personnes ont consommé des drogues dans le monde en 2021¹ et subissent les conséquences des politiques répressives. D’autres solutions sont pourtant possibles et sont mises en œuvre dans plusieurs pays.

« EN QUETE DE RESPECT » ²

Pour emprunter de nouvelles voies, usagers, professionnels du soin et du social, décideurs politiques ont la nécessité de travailler ensemble.

  1. Rapport mondial sur la consommation des drogues 2021 – ONUDC
  2. «En quête de respect. Le crack à New York » Ph. Bourgois – Paris Le Seuil 2001

POLITIQUE DES DROGUES
ET REDUCTION DES RISQUES
 :
une alternative sociale

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Lorsque Nixon, président des Etats-Unis, déclare la Guerre à la Drogue en 1968, la question des drogues n’est en fait pas centrale. L’objectif de cette déclaration n’était pas de lutter contre la drogue, mais de déstabiliser des communautés, celle des noirs-américains et celle des hippies, plutôt jeunes, protestant contre la guerre menée au Vietnam. Ces intérêts politiques, racistes et post-coloniaux qui ont généré les dommages subis par les usagers de drogues.

La stigmatisation et la criminalisation des personnes usagères de drogues ont rempli les prisons, engorgé la justice, accentué la violence et provoqué de nombreux morts. Dans un mouvement parallèle, les inégalités sociales se sont accrues, et les personnes usagères de drogues se sont retrouvées dans une plus grande précarité et marginalité. 50 ans de guerre à la drogue représentent 50 ans d’échecs, avec un système qui coûte très cher : environ 100 millions de dollars sont dépensés chaque année pour les politiques répressives, soit 750 fois plus que pour les sommes investies dans des actions vitales auprès des personnes usagères de drogues.

La réduction des risques, pratique développée en réponse à l’épidémie du SIDA dans les années 80, est une approche humaniste et pragmatique qui a fait ses preuves à la fois pour les individus, les institutions mais aussi pour les sociétés. Elle reste l’alternative au dogme de l’abstinence ou bien de la médicalisation de l’usage de drogues. Elle enlève tout jugement moral à la consommation de drogues et propose un postulat fondamental : dans toute société, de tout temps, les humains consomment des drogues.

La réduction des risques permet de donner les outils nécessaires pour prévenir les infections transmissibles et les overdoses mortelles. La dimension communautaire qu’elle contient permet aux personnes usagères de drogues de faire leurs propres choix et de rester décisionnaires de leur parcours de vie, inscrivant ainsi les concepts de « pouvoir d’agir » et de « dignité humaine » dans une réelle démarche socioéducative.

Certains pays dans le monde sont exemplaires de cette appropriation de la réduction des risques au sens communautaire, avec par exemple le Canada et la création en 1997 de Vandu, Vancouver Area Network of Drug Users. Cette association d’usagers de drogues est à la base de la naissance de la salle de consommation Insite et milite quotidiennement pour que les droits des personnes usagères de drogues soient respectés, tout comme pour tout autre citoyen.

L’organisation Harm Reduction International  définit ainsi la réduction des risques :

  • La réduction des risques fait référence aux politiques, aux programmes et aux pratiques qui visent à minimiser les effets négatifs sur la santé, la société et le droit associés à la consommation de drogues, aux politiques et aux lois en la matière ;
  • La réduction des risques est fondée sur la justice et les droits de l’homme. Elle se concentre sur le changement positif et sur le travail avec les personnes, sans jugement, coercition, discrimination, ou sans exiger qu’elles cessent de consommer des drogues comme condition préalable à l’aide ;
  • La réduction des risques englobe une série de services et de pratiques sanitaires et sociaux qui s’appliquent aux drogues illicites et licites. Il s’agit, entre autres, des salles de consommation de drogues, des programmes d’échange de seringues, des initiatives de logement et d’emploi sans obligation d‘abstinence, de l’analyse de drogues, de la prévention et de la gestion des overdoses, du soutien psychosocial et d’un travail d’’information et de sensibilisation. Ces approches sont coût-efficaces, fondées sur des preuves et ont un impact positif sur la santé des individus et des communautés.

La réduction des risques est reconnue à l’échelle internationale et l’Organisation Mondiale de la Santé a validé un ensemble de mesures à mettre en place qui vont de l’échange de seringues à la prévention et traitement de la tuberculose. La réduction des risques est fondée sur un ensemble de valeurs et de principes : respect, confidentialité, non-discrimination, inclusion et écoute en sont les socles principaux.

Depuis plusieurs années, un certain nombre de pays se sont tournés vers des politiques différentes, en cherchant des solutions autres que la répression. Le Portugal, les Pays-Bas ou encore le Canada ont décriminalisé l’usage de toutes les drogues, en favorisant un accompagnement au plus près des problématiques des usagers. En 2011, la Commission mondiale pour les politiques des drogues est créée et réunit notamment d’anciens chefs d’Etat qui souhaitent amener sur le plan international des nouvelles manières de considérer et encadrer l’usage de drogues.

  1. Daniels et al. Harm Reduction Journal (2021) 18:120 https://doi.org/10.1186/s12954-021-00564-7, “Decolonizing drug policy”
  2. Transform Drug Policy Foundation (2013), ‘The War on Drugs: Wasting Billions and Undermining Economies’ [pdf].
  3. La ville de Liverpool est souvent identifiée comme étant l’origine de la Réduction des Risques
  4. Harm Reduction International, ‘What is harm reduction?’ [web page, accessed October 2021].
  5. WHO comprehensive package of harm reduction services Global HIV, Hepatitis and STIs Programmes (who.int)
  6. The Global Commission on Drug Policy (globalcommissionondrugs.org)

Définitions utiles

Dépénalisation :

Réduction ou élimination des sanctions pénales par rapport à un acte considéré jusque-là comme illégal.

Décriminalisation :

Suppression de toute sanction pénale et de son statut de crime par rapport à un acte considéré jusque-là comme illégal.

Légalisation :

Reconnaissance d’un comportement ou d’un acte qui devient contrôlé et encadré par l’Etat. Par exemple, la légalisation d’un produit psychoactif signifie que sa détention et son usage sont autorisés avec des règles de production, d’achat et de quantité définies par l’Etat.

Réglementation :

Une infraction passe du statut de délit à celui de contravention par un système d’amendes.

Liens utiles

Pour en savoir plus sur la décriminalisation, vous pouvez regarder ce court film réalisé par la Commission Globale sur les Drogues :

The Global Commission on Drug Policy – Videos (globalcommissionondrugs.org)

Des liens :

Pour en savoir plus sur la décriminalisation, vous pouvez regarder ce court film réalisé par la Commission mondiale pour la politique des drogues :

The Global Commission on Drug Policy – Videos (globalcommissionondrugs.org)
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