Notre vision
À quel moment allons-nous comprendre que l’usage de drogues fait partie de chaque société et existe depuis toujours? La réduction des risques est une pratique professionnelle, avec des valeurs et des principes, qui permet de prendre en compte les personnes qui consomment des drogues sans les stigmatiser ou les discriminer.
NOTRE VISION
se porte sur une contribution pour de meilleures politiques en matière de drogues.
Nos valeurs et nos convictions représentent le socle commun d’une pensée en faveur des personnes usagères de drogues, que nous souhaitons aujourd’hui partager.
De la déclaration de guerre à la drogue lancée par Richard Nixon à l’élaboration de mesures prenant en compte la consommation avérée de substances psychoactives, plus de cinquante ans se sont écoulés. Face aux dégâts causés par cette guerre, les réponses ont dû évoluer, une prise de conscience réelle a dû s’opérer.
Pour autant, en 2022, les représentations négatives et les approches moralistes à l’égard de l’usage de drogues et des personnes qui les consomment sont encore bien présentes. Le constat est, qu’aujourd’hui, demeurent ou se développent des politiques de plus en plus répressives, et une difficulté, voire une impossibilité de déploiement de mesures prenant en compte la consommation avérée de drogues. Méconnaissance, ignorance, craintes, peurs, exclusion des personnes les plus fragiles continuent à alimenter une confusion et une incompréhension des problématiques de consommation de drogues et, plus largement, des problématiques liées aux addictions.
La Réduction des risques, c’est considérer :
- L’usager, comme ACTEUR
- Le collaborateur (le soignant), comme ASSOCIE
- Le réseau, comme PARTENAIRE
- L’institution, comme L’ENVELOPPE, le contenant qui permet d’insuffler cette vision et ce travail en réduction des risques liés à l’usage de drogues
La Réduction des risques, c’est une posture, avant tout. C’est la reconnaissance de l’autre comme un individu à part entière. C’est une relation à l’autre, singulière et attentive, comme toute relation humaine devrait être. C’est aussi accepter que rien n’est déterminé ou définitif, qu’en chacun de nous il y a de la place pour le changement, pour un être en devenir en constante évolution. Dans une relation d’aide ou dans un accompagnement, la Réduction des risques est une pensée et une posture qui peuvent se développer auprès de n’importe quel public en situation de vulnérabilité. Auprès d’une personne usagère de drogues, c’est comprendre que l’usage d’un psychotrope n’est qu’une composante de sa vie, bien d’autres éléments viennent composer son individualité. Une consommation ne la définit pas dans son identité et dans ce qu’elle est en tant qu’être humain. C’est porter l’idée que l’addiction, même la plus prolongée, doit être considérée comme une situation provisoire et réversible. Nous sommes convaincus que seul un regard dénué de moralité ou de jugement porté à la consommation permet de mieux comprendre une personne usagère de drogues et d’avancer avec elle dans sa trajectoire de vie. Porteuse de valeurs et de compétences, l’usage peut la fragiliser, de manière ponctuelle ou plus durablement, au regard de la société et au regard des autres. C’est là que la pensée en réduction des risques intervient, pour rendre à cette personne sa liberté de choix et d’agir.
Une consommation de drogues n’est ni une finalité, ni une fatalité, elle est souvent un moyen pour mieux vivre, pour faire face à un certain nombre de difficultés. Elle est aussi un choix; et quel que soit ce choix, il doit être respecté, entendu et soutenu avec ce que l’on peut apporter pour l’accompagner au mieux : des outils pratiques de prévention et de réduction des risques qui permettent de rester en vie, une écoute qui permet de prendre du recul et d’ avancer, un regard qui laisse enfin penser que l’on est aussi et, avant tout, un être humain. La Réduction des risques, c’est ce qui nous réunit aujourd’hui en tant que professionnels et que l’on a envie de transmettre afin que les équipes, les personnes usagères, les directions d’établissements médico-sociaux puissent mesurer et ouvrir le champ des possibles. Elle permet ce que peu d’autres approches autorisent, à savoir une réelle liberté pour imaginer, soutenir, expérimenter, porter une autre façon de travailler. Elle oblige aussi à chacun d’entre nous à se questionner et à se renouveler dans nos pratiques professionnelles mais aussi en tant qu’être humain dans nos relations à l’autre et en tant que citoyen et acteur d’une société donnée.
